Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
page d'écriture
page d'écriture
Publicité
page d'écriture
Archives
27 août 2008

Repère

temp_teMa fragile embarcation, en frêle esquif, prend l’eau de toute part, emportée par les courants sur la mer déchaînée de mes sentiments. Elle emporte avec elle ce qui fait mon être, ma personne, ma personnalité. Elle emporte mes souvenirs, mais plus encore, elle efface mes habitudes, et les simples gestes du quotidien.

Faire la vaisselle, se tenir sur une chaise, mettre la table me devient difficile. Si j’oublie le nom même de fourchette, je ne sais plus de toute façon sa fonction, ou celle d’une simple assiette.

Mon entourage pense que je le fais exprès. Dans quel but, les offenser, les désorienter davantage que je ne puis l’être ?

Qu’il est dur de voir leurs regards effarés, d’assister à la tension naissant dans leur attitude, ces yeux qui se demandent ce qu’on peut bien encore inventer. Mon mari s’agace, s’énerve à force de me redire régulièrement les choses, à force de me rappeler ce que l’on doit faire pour simplement manger. 

Mon mari, mon « papa » comme j’aime à l’appeler. Tu deviens malgré ta colère, dont je sais malgré tout qu’elle ne m’est pas personnellement adressée, mon seul repère, mon ancre au milieu des flots qui m’emportent. Je me raccroche à toi, cruel destin, comme à la seule bouée qui peut m’empêcher encore de tomber définitivement.

Je sais que ce n’est pas cela que tu voulais pour nous, pour nos vieux jours. Tu aurais voulu en profiter, simplement. Pouvoir goûter aux petits bonheurs de la retraite, du club, de la famille ou des amis, chez toi, tranquillement. Juste vieillir ensemble. Profiter de la vie, qui n’a pas toujours été facile. Et pire que de te prendre ta moitié, on te laisse un corps sans cap, sans cerveau. Juste la charge de ce corps qui se vide de sa conscience.

Je te vois te débattre. Je ne peux rien faire. Je suis moi aussi en colère, mais je ne peux le montrer. Et je t’aime.

Publicité
Publicité
Commentaires
F
C'est beaucoup d'amour dans cette lutte, et vous le dites si bien ...
Répondre
Publicité