Des mots

Des mots. Des mots comme le magma qui cherche à percer la croûte terrestre. Des mots comme le ruisseau qui aspire à rejoindre la mer.

Mais aussi des mots comme le vent, ce vent qui agite les feuilles.

Ces mots qui s'agitent aussi dans la tête, dans ma tête et voulant retrouver du sens en se liant à d'autres.

L'écriture comme un exutoire devant cette agitation, mais plus encore devant ce monde dans lequel je ne me reconnais plus, je ne me reconnais pas. En fait, un monde dans lequel je ne me suis jamais reconnu.

Le vol de l'oiseau n'a pas de frontières. Il se fiche de ces lignes tracés artificiellement sur une carte et qui ont déjà causé tant de chagrin. La pluie arrose indistinctement les terres. Mais l'homme lui a besoin de marquer son espace. Aujourd'hui, il a encore franchi un cap toujours plus suicidaire. Il concrétise ces lignes avec des murs et du fil barbelé.

Comment l'être humain peut-il à ce point s'abstraire de son environnement naturel ? Comment peut-il à ce point s'éloigner de la loi primaire pour se croire si important qu'il pourrait balafrer ainsi notre terre de ces remparts, ces barrières, ces clôtures indignes.

Comment surtout, peut-il à ce point devenir aveugle devant les détresses de ses propres frères en humanité en se barricadant ainsi ?

Le vol de l'oiseau n'a pas de frontières. Le vent souffle où il veut. Les nuages ne peuvent être arrêtés que par les montagnes. Les mots ont encore ce pouvoir d'être capable sinon de briser les murs, du moins de les traverser. Peut-être d'éclairer les esprits, de réveiller des consciences.

Vanité des vanités de se croire supérieur à tout autre ou à la nature.

Nous ne faisons qu'un avec le Créateur et la création. Nous ne faisons qu'un avec notre frère car nous n'avons qu'un seul et unique Père.