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4 janvier 2013

Réfléchir

 

couverture

Durant toutes ces années, le prophète a côtoyé les collines, conversé avec les vents et murmuré au creux des arbres. Étranger au peuple d'Orphalese, il a pourtant appris à le connaître et à l'aimer. Or, à l'heure de repartir vers sa terre natale, il éprouve une grande tristesse. Car c'est au sein de ce peuple, grâce à tout ce que lui a insufflé ce lieu, qu'il a pu mûrir la sagesse qu'il va désormais dispenser. Et c'est à Orphalese qu'à l'heure de l'adieu, dans un ultime échange, il s'accomplit comme prophète. On l'interroge sur les grandes préoccupations humaines et, inlassablement, il chuchote sa réponse avec tendresse et compréhension, sans dogmatisme. Long poème en prose, Le Prophète nous livre une conception de la religion qui est une conception de la vie. Étonnamment moderne, le panthéisme de Khalil Gibran conduit le divin vers des régions accessibles à tous. Nul besoin d'être chrétien du Liban, comme son auteur, pour se laisser bercer par le doux balancement des phrases. D'une grande indulgence envers les faiblesses de l'homme, mais aussi d'une grande confiance dans ses possibilités, cette modulation de L'Ecclésiastique, publiée en 1925, est sans doute le texte auquel Gibran a consacré le plus d'efforts. --Sana Tang-Léopold Wauters --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.
Extrait
Almustafa, l'élu et le bien-aimé, aube pour son propre jour, avait attendu douze ans dans la ville d'Orphalese qu'accoste le bateau du retour au pays natal. Quand vint la douzième année, au septième jour d'Ielool, le mois des moissons, il gravit la colline en dehors des remparts et contempla la mer : son bateau arrivait, escorté par la brume. Alors les portes de son coeur s'ouvrirent à toute volée, sa joie s'élança sur les eaux. Fermant les yeux, il pria dans les silences de son âme.

Comme il redescendait, la tristesse s'abattit sur lui ; il se dit : Comment partirai-je dans la paix, sans chagrin ? C'est l'esprit blessé que je quitterai cette ville. Longs furent les jours de souffrance passés derrière les remparts, longues les nuits de solitude ; et qui peut quitter sa douleur et sa solitude sans regret ?
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