Quotidien
L’Algérie, la vie à la ferme. Après notre union, la vie a pris ses repères. Ma belle famille est allée s’installer aux Trembles et a laissé la gérance du domaine à Lucien. Une belle ferme, toute en longueur dans sa partie habitation. Nous ne manquions de rien. Mon mari s’occupait des animaux et de la terre, la vigne que les générations précédentes avaient arrachées au désert, aux terres si belles mais si arides. Les systèmes d’irrigations montés par les colons étaient certes rudimentaires mais permettaient à l’eau, si précieuse, de venir irriguer les plantations. Un canal desservait l’ensemble des fermes et il suffisait de se partager le trésor quelques heures chacun dans la journée.
La vie était sereine et se passait au gré des événements et des jours. Je restai à la maison, faisait le repas, m’occupait du ménage.
Nous partagions les lourdes tâches et les bons moments avec les voisins, même si les fermes étaient assez éloignées les unes des autres.
Les mounas de Pâques, que nous faisons tous les ans pour les fêtes et qui nous duraient presque un mois gardent une saveur et un goût inimitable. Certes il fallait travailler la pâte longtemps et la cuisson dans le four de pierres durait toute une journée et une nuit. Et même si au bout de quelques jours, elles devenaient un peu rassis, cela faisait bien l’affaire trempées dans le lait.
Les lessives étaient à l’ancienne aussi. Mais nous avions le temps des choses, celui que l’on ne prend plus aujourd’hui et qui, malgré toutes les machines modernes sensées nous aider, fait toujours défaut.
On avait le temps de se visiter, de discuter, d’échanger, ce qui crée de vraies relations et un véritable sens de l’amitié et de la famille.
Mes parents habitaient non loin de nous.