Prise de tête
Maudite maladie, mots dits mal, suivant que peu à peu disparaissent les neurones que ce maudit mal aime à vous consumer. L'alzheimer ne laisse à ses malades qu'un corps et de vagues souvenirs qu'ils n'arrivent même pas à rendre cohérents. Privés de réflexion, on perd alors ses repères, ses réflexes, ses souvenirs, son sens commun. Enfermé dans un monde incohérent, où seuls de rares instants vous recollent à la vie, vous vous trouvez prisonniers d'un corps qui n'a plus de moteur réfléchissant, n'ayant même pas conscience de cet enfermement. Aux yeux de votre entourage, vous n'êtes plus alors une réelle personne, capable d'agissement propres. Vous n'êtes plus ce proche que vous étiez, ou vous le restez si peu.
Ils doivent tout dire, redire, et dire encore.
Mais ne perdons pas de vue que derrière ce corps sans animateur conscient demeure pourtant une âme, une personne, qui a été, qui est malgré son cerveau défaillant, qui est malgré l'agacement du quotidien et ses maladresses involontaires, un véritable être humain, un proche, voire nous, demain.